UNE VALISE POUR L’INCONNU

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Avril Bénard est une artiste dans l’âme, elle écrit également. Elle a déjà publié des textes dans des revues littéraires. Avec « À ceux qui ont tout perdu », elle signe son premier roman.

Soudain la guerre est là, la nouvelle est inattendue et déconcertante. L’hiver, lui, est bien installé, rude, blanc et venteux en terre européenne car nous ne savons pas, nous lecteur, où se déroule l’histoire.

Des soldats frappent aux portes et demandent à huit personnes de préparer une valise en une heure, les bus encadrés par les militaires attendent les civils en bas de l’immeuble pour les évacuer au plus vite.

Devant l’injonction et l’urgence, les personnages sont désemparés car il faut tout abandonner et ne prendre que l’essentiel. Que penser ? Que prendre ? Un vêtement, un bijou, une photo, un livre, souvenirs d’une union ou d’une émotion particulière. Les cœurs et les mains se serrent et les larmes se retiennent quand le bus démarre vers l’inconnu.

Et vous que feriez-vous face à la menace de l’exil ? Que mettriez-vous dans votre valise ?

Dans ce premier roman, Avril Bénard décrit avec émotion et gravité les bouleversements de la vie, le désarroi devant l’urgence de prendre l’essentiel et le déchirement de devoir tout abandonner.

Ce roman traite de l’identité, du déracinement, de la transmission et de l’incompréhension face à un avenir qui s’assombrit. La langue est juste et le style concis et clairvoyant.

Ce titre est très fort et sonne comme un hommage. Comment l’avez-vous choisi ?

C’est une dédicace, une offrande aussi, à tous ces êtres qui ont à vivre de vrais départs, un arrachement à une terre, un arrachement à une histoire, en laissant tout derrière eux. C’est aussi une phrase dans laquelle tout le monde peut venir puiser ; chacun, un jour, perd quelque chose de viscéralement important…

Pourquoi avoir choisi la guerre comme climat dans votre roman ?

Parce que la guerre c’est l’extrême de l’humain. Avec un horizon bouché. On ne sait jamais
rien de la seconde suivante, mais dans une guerre, cette incertitude est à son paroxysme. On peut véritablement mourir dans un instant, ceci n’est plus du tout abstrait. L’urgence est constante. Et les choix se font dans cette urgence-là. Une urgence qui empêche de
s’appesantir. Tout se vit dans la survie, l’animalité. On emporte des affaires, pour tenter de sauver des souvenirs, un passé, une identité. Pour se raccrocher à quelque chose qui existait, qui était debout. Pour avoir l’impression de ne pas tout perdre, justement. Pour rebâtir une source d’histoire ailleurs, si cela est possible. Même si l’essentiel n’est pas matériel…Il s’agit aussi de la guerre symbolique. Une séparation peut être une guerre… Une dépression également…

Quels sont vos auteurs inspirants :
Giono. Krasznahorkai. Sylvie Germain. Steinbeck. Claudel. Camus. Ah, Claudel et sa
langue, ses reprises de souffle aux majuscules qui conduisent la façon de dire les vers !

Quels sont vos projets pour cette rentrée ?
Le grand projet est un deuxième roman en cours d’écriture !

Mail : sophie.carmona@outlook.fr

 

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