Guillaume Dreidemie est né à Lyon en 1993. Professeur de philosophie, Adjoint de l’établissement ICOF – Campus Saint Irénée, à Lyon 5e. Conférencier à l’Université Pour Tous, au Collège International de Philosophie et au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Organisation de séminaires et publications d’articles universitaires. Collaboration régulière avec la revue Matières à penser. Membre fondateur de la revue de poésie L’Echarde. Ouvrages : Le Matin des Pierres (éd. La Rumeur libre, 2023) ; Ardeurs de l’idéalisme (co-dirigé avec François Danzé, éditions du Cosmogone, 2023) ; Penser le monde, de Kant à aujourd’hui (co-dirigé avec Pamela Krause, éditions Kimé, 2023).
La douce poésie de Guillaume Dreidemie.
Ce recueil dans la collection Poésie de La rumeur libre, évoque et suggère les sensations, les impressions fragiles, les émotions les plus vives par l’union intense des sons, des rythmes et des harmonies par des vers libres.
Le matin des pierres, c’est l’heure bleu sur un chemin, le monde minéral qui prend vie dans le souffle. Ce souffle naturellement divin est celui de la poésie tel le pneuma des stoïciens, l’ensemble de flux et reflux qui donne la vie aux choses de manière uniforme et intelligible. Le monde du non-vivant émeut dans son immobilité silencieuse et sa mystérieuse présence quand il communique avec le vivant.
nous luttons contre le silence
imbéciles que nous sommes
avec les moyens du bord de la rive et du ruisseau
trempés par les remous nous sommes des noyés accomplis
nous avons toute la grâce du chien trempé
nous avons même l’odeur
Guillaume Dreidemie propose une poésie épurée qui va à l’essentiel et qui raconte en toute humilité un cheminement vers l’émerveillement, les poèmes se dévoilent autour de Refrain, Murmure, Vertèbres et Retour dans un paysage immobile sous la lumière jaillissante du jour.
Le style est délicat, des mots posés et pensés qui sensibilisent la pure beauté du minéral, Guillaume Dreidemie poétise la morosité de l’inerte par la douceur.
Le titre est une invitation au monde minéral. Est-il essentiel pour vous ?
L’ouvrage est une invitation à errer, déambuler aux chemins de pierre qui retiennent l’aube dans leurs nervures. Le soleil plaqué au sol, la lumière du matin réenchantant nos prières. Des souvenirs de l’Ardèche et de la Chartreuse, la Savoie, auprès des Aiguilles d’Arves…
Au fil des pages Refrain, Murmure, Vertèbres et Retour, vous reconnectez le monde du non-vivant au vivant. Les pensez-vous compatibles ?
La vie surgit de la putréfaction. J’ai souhaité interroger l’ami qui nous soutient et chante tout bas, l’œil perdu, la brise, le dessin du visage, le murmure au chevet de la douleur, les draps lâchés par les doigts, les cheveux noyés dans le soleil, les roses qui vivent et qui meurent, la reliure des livres que le voleur emportera, la mort et ses miroirs, toute chose imbriquée dans l’intention de vivifier le monde par la poésie !
Vous posez les mots délicatement sous forme de courts poèmes, êtes-vous sensible à l’art des haïkus ?
Certains haïkus m’ont marqué à tout jamais. Bashô, le maître du haïku devant son bananier. Son humour, sa vie ! « Grenouille… ploc ! » Issa, Shiki… « Puisqu’il le faut, entraînons-nous à mourir à l’ombre des cerisiers en fleurs… »
Vous faites référence à Baudelaire, quels sont vos auteurs inspirants ?
Virgile, ce dieu antique qui garde les brebis, chante les abeilles et la naissance de Rome ! Nerval, son paganisme. Rimbaud, sa magie. Artaud, qui fait peur, qui fait du bien par sa conscience suraigüe de l’aliénation et de la folie du monde…
Votre actualité ?
Des lectures de poésie dans des galeries de peinture, notamment Galerie Mandon à Lyon. Une table ronde animée par Jean-Pierre Siméon, où je présenterai notre revue de poésie L’écharde, à l’occasion du 40e anniversaire de la Maison de poésie de l’Isère. La sortie en librairie d’un ouvrage collectif que j’ai co-dirigé avec Pamela Krause (Sorbonne Université), Penser le monde, de Kant à aujourd’hui, aux éditions Kimé. Publications à venir d’articles sur Pierre Reverdy et Anna de Noailles… Cycle de conférences à l’Université Pour Tous, à partir de fin novembre 2023…
Guillaume Dreidemie, Le Matin des Pierres, La rumeur libre, 80 pages, 14 euros
« Le matin des pierres » recueil à lire et relire, sans modération
«On ne peut rien
Que tenter de guéri»
Un exemple d’aphorisme qui vous marquera pour longtemps.
Une poésie qui pense, décidément, qui sauve aussi peut-être.
Prosopopée de l’inerte, effluve du vivant : une poésie de l’essentiel à la clarté éclatante, épurée.