Né à Marmande en 1951, Alain CADÉO, est l’auteur de nombreux ouvrages (nouvelles, romans, textes, pièces de théâtre), dont « Stanislas » (1983), premier prix Marcel Pagnol 1983 Macadam Epitaphe (1986), Plume d’Or Antibes et Prix Gilbert Dupé ou encore Zoé chez Mercure de France traduit en chinois.
Membre de la Société Académique des Arts – Sciences – Lettres, sa plume explore des thèmes variés, de la mélancolie à la tendresse, en passant par la philosophie et les traumatismes psychologiques. Son écriture touche le cœur et l’esprit, invitant les lecteurs à s’évader dans des mondes intérieurs riches et profonds.
C’est un bouquet flamboyant de billets que présente Alain CADÉO dans ses Billets de Contrebande aux éditions La Trace, qui nous rappellent ses Mots de 2018. Des textes écrits au gré des années, dont l’intemporalité et l’infini se perçoivent à travers les pages.
Il dialogue avec la nature, la présence qui s’absente, fait parler le silence et interroge la Vie.
Le recueil est une ode à la littérature et aux mots, une célébration de l’écriture.
On se laisse facilement happer par ce monde cadéolien à l’écriture poétique, ciselée avec douceur et dont les mots vous murmurent à l’oreille.
« Vers le Silence…
Écrire n’est rien d’autre que de se parler
C’est voir surgir du vide un nid grouillant de signes couvrant le mur des pages pour en briser le blanc. On nous l’a rarement fait comprendre mais on le sait confusément, le Silence éternel et délicieux ne se gagne qu’après l’exubérance tropicale de ce qui pousse, met sans arrêt le monde en mouvement et envahit l’esprit… jusqu’à enfin pouvoir se taire, l’âme légère et sans abri, hors du Temps, hors du bruit. Là tout est fait, là tout est dit, tout est saisi et révélé dans un amour illimité. En attendant, les Mots, nos pauvres mots, sont l’antichambre de la Vie. »
Avez-vous voulu faire écho aux Mots de Contrebande quelques années après avec ces Billets de Contrebande ?
Le mot « écho » convient parfaitement à ce que représente l’écriture. Un retour modulé par les vents, les courants, nous renvoyant parfois une voix qui n’est pas tout à fait la nôtre et qui pourtant tourne sans cesse autour de nos vallées mentales. Écrivant chaque jour un de ces billets, et cela depuis quelques années, j’avais effectivement envie d’en déterrer certains, pour le bonheur de partager.
Ce bouquet de billets est une ode à la littérature, des billets d’humeur, de vie qui sonnent très juste. N’est-ce pas aussi avant tout une ode aux mots ?
Oui, c’est ma manière à moi de rassembler, d’apprivoiser ce peuple étrange que j’aime tant, les animaux-mots, buffles, corneilles, loups, moineaux, tigres, renards, mammouths, ce grand troupeau hétéroclite, meute bramant, braillant, sifflant, soufflant, ruant, avançant tous vers un sommet où dorment les secrets. Plus qu’une ode, pour moi c’est symphonie. Les Mots m’assaillent et je les suis.
Après avoir écrit des romans, des nouvelles, du théâtre, qualifieriez-vous ce dernier ouvrage d’essai ? Un croisement entre la poésie et la fiction ?
Texte ou essai. Peut-être pas fiction, mais croisement entre poésie, surnaturel, métaphysique et pourquoi pas un bon réel comme mille reflets sur un lac de montagne… Le tout ne se nourrit que d’intuitions, éclairs, soudaines ouvertures dictant leurs lois au scribe que je suis.
La prose poétique installe une atmosphère feutrée, comment expliquez-vous votre capacité à écrire le silence ?
C’est dans le brouhaha des langues que par instant s’installe le silence. Je pense souvent à cette première phrase du Tao: « Le mot que vous prononcez n’est pas celui qui fut toujours ». Plus vous travaillez le Verbe, plus il s’affine et plus il vous livre sa propre quintessence qui est, vous avez raison, faite d’un son éclaboussant, suivi d’un long silence. La musique, le sonore, le chant, à ce titre ont devancé les mots. L’enchantement est dans ce vibratoire quasi imperceptible, ultrasons venant de l’univers entier contenant à eux seuls l’histoire de toute création.
Qui sont vos auteurs inspirants ?
Poètes, prophètes, illuminés, écorchés vifs mais habités, non pas par leur propre histoire mais par un à côté, un ailleurs, l’autre versant d’une éternelle quête les conduisant sans ménagement sur un sentier damné, celui des Hommes, ces dieux cassés, tentant de retrouver leurs ailes et le ciel pur des libérés. De Dante à Gérard de Nerval, de Novalis à Baudelaire, de William Blake à Rilke, de Cervantès à Blaise Cendrars… tant d’autres encore nous invitant à voir plus grand, plus large et au-delà.
Alain Cadéo, Billets de Contrebande, éditions La Trace, 307 pages, 16 euros. Parution le 07/03/2024.
Écouter en intégralité Les Réveillés de l’Ombre d’Alain Cadéo
© SOPHIE CARMONA
Bibliographie :
LES VOIX DE BRUME (nouvelles)
J.M Laffont – 1982
STANISLAS roman)
Editions du quai – 1983- Premier prix Marcel Pagnol
LE MANGEUR DE PEUR (roman)
Quelqu’un Éditeur
LA CORNE DE DIEU (roman)
Quelqu’un Éditeur (1984)
L’OCEAN VERTICAL (texte)
Quelqu’un Éditeur (1984)
MACADAM EPITAPHE (texte)
Edition La Correntille – 1986
Plume d’or d’Antibes et
Prix Gilbert Dupé
LE CIEL AU VENTRE (texte)
Edition La Correntille – 1993
LES ANGES DISPARAISSENT (roman)
Editions Autres Temps – 1998
FIN (texte)
Editions Blanc – 1999
ET VOTRE ÉTERNITE SERA LA SOMME DE VOS RÊVES (roman)
Coécrit avec Claude Crusca Edition La Correntille – 2008
L’OMBRE D’UN DOUTE (théâtre)
Edition La Correntille – 2008
Festival off d’Avignon – 2011
LES REVE COES DE LOMBRE (theatre)
Edition La Correntille – 2013
ZOE (roman)
Editions Mercure de France – 2015
CHAQUE SECONDE EST UN MURMURE (toman)
Editions Mercure de France – 2016
DES MOTS DE CONTREBANDE (texte)
Editions La Trace – 2018
COMME UN ENFANT QUI JOUE TOUT SEUL (ro-
Editions La Trace – 2019
MAYACUMBRA (roman)
Editions La Trace – 2020
CONRESSIONS (ou les spam d’une ame en peine)
(texte)
Editions La Trace – 2021
L’HOMME QUI VEILLE DANS LA PIERRE (roman)
Editions La Trace – 2022
ARSENIC et ECZEMA (théâtre)
Edition les Cahiers de l’Égaré – 2023
M
Edition les Cahiers de l’Égaré – 2023
BILLETS DE CONTREBANDE
Edition La Trace – 2024