QUID DE L’HUMANITÉ FACE À SON DESTIN
Vous êtes sérieux, Donald ? Vous me parlez de vous rendre à Manchester pour assister au derby alors que la planète brûle ? Alors que chaque jour, la situation devient plus insoutenable ? Et vous continuez, avec un cynisme glaçant, à fustiger cette jeune fille qui se bat pour que nous ayons encore un futur. Je vais vous le dire franchement : si elle ne faisait pas ce qu’elle tente de faire, il n’y aurait bientôt plus de Manchester. Il n’y aurait plus de stade pour accueillir vos matchs, plus de gens pour y aller, plus de nourriture dans vos assiettes, plus d’eau dans vos robinets. Tout ce qu’il resterait, c’est de la poussière et des regrets.
Regardez autour de vous. Ouvrez les yeux ! La terre crie, elle suffoque sous le poids de nos industries, de notre négligence. Chaque jour, nous approchons un peu plus de la catastrophe, et pourtant, des gens comme vous persistent à nier l’évidence. Vous parlez de « groupe de pression », de « lobby écologique ». Mais au final, qu’attendez-vous, Donald ? Que la planète se répare d’elle-même ? Que la science, que vous méprisez tant, trouve une solution miraculeuse qui nous permettra de continuer à vivre dans cette illusion de confort et de consommation sans fin ?
Ce que vous refusez de voir, c’est que nous sommes à la croisée des chemins. Et cette attente, cette inertie, elle me ronge. Je suis exténuée, Donald. Épuisée par votre refus de voir l’évidence, par cette inaction collective qui nous pousse vers le gouffre. Ce que Greta fait, ce que cette jeune fille accomplit, c’est tout sauf inutile. Elle se bat pour moi, pour vous, pour nos enfants, pour tous ceux qui veulent encore croire à un avenir. Bien sûr que c’est risqué, bien sûr que c’est dangereux, mais le changement ne vient jamais sans risque.
Regardez l’Histoire, Donald. Vous parlez des grands empires, des civilisations qui ont marqué leur époque. Mais où sont-elles aujourd’hui ? L’Empire romain, qui s’étendait sur des continents entiers, s’est effondré. Les Mayas, qui avaient une compréhension si fine du cosmos et de la nature, ont disparu. Les Sumériens, pionniers de l’écriture et des premières grandes villes, ne sont plus que des vestiges de pierre et de terre. Et pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas su lire les signes, parce qu’ils ont épuisé leurs ressources, parce qu’ils ont cru, comme vous, que leur domination sur la nature était éternelle.
Mais elle ne l’est pas, Donald. Rien n’est éternel, et certainement pas l’humanité. Nous nous accrochons à cette idée fausse que nous sommes indispensables, que nous sommes l’apogée de la vie sur Terre. Mais la vérité, c’est que la planète continuera de tourner sans nous. Quand nous aurons épuisé ses dernières ressources, quand nous aurons détruit ses écosystèmes, elle se régénérera. Lentement, bien sûr, mais sûrement. La nature a ce pouvoir que nous n’avons plus : celui de guérir.
Regardez ce qui se passe autour de nous. Les forêts disparaissent, les océans montent, les espèces s’éteignent à un rythme alarmant. Mais une fois que nous aurons disparu, la vie reprendra ses droits. Les forêts repousseront, les animaux reviendront. Peut-être même que les espèces que nous avons condamnées à l’extinction auront une seconde chance. La Terre a traversé des extinctions massives avant nous, et elle s’en est toujours relevée. Mais nous, Donald, nous ne nous relèverons pas si nous continuons ainsi.
Vous me parlez de Greta comme si elle était une enfant naïve, une figure médiatique manipulée. Mais ce que vous ne comprenez pas, c’est qu’elle incarne l’espoir. Elle est la voix de ceux qui refusent d’accepter l’inaction, de ceux qui croient encore qu’un autre avenir est possible. Elle se dresse contre des forces bien plus puissantes qu’elle, contre des intérêts économiques colossaux, et pourtant, elle continue. Ce qu’elle fait n’est pas seulement pour elle, c’est pour nous tous, pour la planète elle-même.
Et je vous le dis, Donald, même si cela vous semble dramatique, il n’y a pas de planète B. Nous n’avons pas d’alternative. Une fois que cette Terre sera invivable, ce sera fini. Il ne restera plus rien de nos civilisations, de nos villes, de nos stades, de nos technologies. Tout cela disparaîtra dans la poussière du temps. Et tout ce qu’il restera, ce sera la Terre, qui continuera son chemin sans nous.
Vous pensez peut-être que je dramatise, que je suis alarmiste. Mais regardez les faits en face. Le climat change. Les catastrophes naturelles se multiplient. Les écosystèmes s’effondrent. Et nous continuons à vivre comme si de rien n’était, comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Mais ce n’est pas un rêve, Donald, c’est notre réalité. Une réalité que nous avons nous-mêmes façonnée, par notre cupidité, notre insouciance, notre refus de changer.
Nous sommes à un tournant de l’histoire, Donald. Un tournant aussi crucial que celui qui a vu la chute de Rome, la disparition des Mayas, l’effondrement de l’Égypte ancienne. La différence, c’est que cette fois, ce n’est pas une seule civilisation qui est en jeu, c’est toute l’humanité. Nous avons le choix. Nous pouvons continuer sur cette voie de destruction, d’attente et d’inaction, ou nous pouvons prendre les mesures nécessaires pour changer, pour tenter de réparer ce que nous avons détruit.
Mais ce que vous refusez de comprendre, c’est que cette attente, ce déni, nous tue. Chaque jour que nous attendons est un jour de plus perdu, un jour de plus où les écosystèmes s’effondrent, où les espèces disparaissent, où les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes et plus violentes. L’angoisse grandit. L’angoisse de savoir que nous sommes peut-être déjà allés trop loin, que nous avons peut-être déjà franchi le point de non-retour.
Malgré cette angoisse, il y a encore de l’espoir. L’espoir que nous pouvons changer, que nous pouvons inverser la tendance, que nous pouvons encore sauver ce qui peut l’être. Et cet espoir, Donald, c’est ce qui pousse des jeunes comme Greta à se lever, à se battre, à parler pour ceux qui n’ont pas de voix. C’est ce qui me pousse, moi, à vous parler aujourd’hui, à vous dire que vous avez tort, que vous ne pouvez pas continuer à ignorer ce qui se passe.
Nous devons agir, et nous devons agir maintenant. Parce que si nous ne le faisons pas, si nous continuons à attendre, il ne restera plus rien à sauver. Vous et moi, nous ne serons plus là pour voir le résultat de notre inaction. Mais nos enfants, nos petits-enfants, eux, vivront dans un monde que nous aurons rendu invivable.
Alors, qu’attendez-vous, Donald ? Que nous soyons au bord du gouffre pour enfin comprendre ? Que la planète soit tellement dégradée qu’il n’y ait plus rien à faire ? Nous sommes déjà en retard, mais il est encore temps. Il est encore temps de changer, de faire les sacrifices nécessaires pour que cette planète continue de nous accueillir.
Mais si nous ne le faisons pas, Donald, souvenez-vous de ceci : la Terre continuera sans nous. Nous ne sommes qu’un instant dans son histoire. Un instant destructeur, certes, mais un instant tout de même. Et lorsque nous aurons disparu, elle reprendra ses droits. Les océans redeviendront bleus, les forêts pousseront à nouveau, les animaux reviendront. Mais nous, nous ne serons plus là pour le voir.
Et peut-être, au fond, est-ce ce que la Terre attend de nous. Que nous disparaissions enfin, pour qu’elle puisse guérir des blessures que nous lui avons infligées.
© Steve Aganze