Pouvez-vous vous présenter et présenter votre média ?
Je m’appelle Lucas LERUSTE, j’ai 22 ans et je suis le fondateur et président du média en ligne ANAPOL, activité que je mène avec passion en parallèle de mon master en science politique. Depuis longtemps passionné par la politique, j’ai eu l’opportunité dans le passé de me familiariser avec ce monde lors de stages, notamment au Parlement européen, au Sénat ou encore au Conseil régional d’Île-de-France, pour savoir ce qu’il se passe vraiment dans nos institutions politiques. ANAPOL est un média en ligne qui traite d’actualité politique, institutionnelle, économique et de société, avec une patte vulgarisatrice et sous un œil non-partisan. Il vient de fêter ses trois ans le 19 décembre. Pour acter son existence, nous avons fait le choix de déposer des statuts associatifs il y a près d’un an. L’équipe est aujourd’hui composée d’une trentaine de personnes, adhérentes à l’association.
Pourquoi avoir fondé ce média ?
L’idée était de créer un format sur Instagram pour rendre l’information claire et fluide afin de proposer aux jeunes (et aussi aux moins jeunes) une alternative aux pages d’information politique souvent très marquées politiquement, d’autant plus sur Instagram. L’idée était aussi de vulgariser un maximum des sujets méconnus. Par exemple, la première publication portait sur la vocation de professeur des écoles et soulignait la faible rémunération associée à ce métier, malgré le niveau d’études requis. Nous avons également expliqué ce qu’était le groupe Spinelli, comment fonctionnait la Commission européenne mais aussi proposé une grande dizaine de portraits permettant de retracer la vie de personnalités politiques décédées ayant marqué leur époque. Le dernier étant celui de Jacques Delors à l’occasion du premier anniversaire de son décès. Nous avons fait le choix du fond et de la vulgarisation, bien que cela nous demande du temps et du travail, plutôt que celui de l’idéologie et de l’aguicheur.
Quel public visez vous, et selon vous, comment intéresser les jeunes (collège, lycée) à la politique ?
65 % de nos abonnés ont entre 18 et 25 ans. Ils sont et seront les prochains à participer au débat public, à voter et à se présenter à des élections nationales ou locales. Aujourd’hui, notre mission est compliquée, en effet nous devons faire face au dégoût croissant pour la politique et la perte d’intérêt pour la chose publique des jeunes mais aussi des moins jeunes. Et dans le même temps, nous devons nous démarquer dans un milieu de l’information très concurrentiel et clivé politiquement. Nous sommes présents sur d’autres réseaux comme TikTok, Twitter (X) ou encore LinkedIn, ce qui nous permet de toucher d’autres catégories de personnes. Sur LinkedIn par exemple, notre objectif est de faire remarquer notre travail par des élus. Cela est important pour nous, puisque nous avons comme ambition d’être le média institutionnel de référence et de pouvoir intervenir dans des écoles afin d’expliquer la vie des institutions, raconter de façon pédagogique ce qu’il se passe par exemple à l’Assemblée nationale, au Parlement européen… et montrer que la politique c’est aussi mais surtout des élus locaux qui mouillent la chemise tous les jours pour trouver des solutions pour leurs administrés et non pas les plateaux des chaînes d’info en continu. En soi, vulgariser la politique, mais dans la vraie vie. C’est par là que se reconstruira une nouvelle relation de confiance entre les politiques et les citoyens.
Peut-on faire un média politique et être objectif dans ses articles ?
Totalement objectifs ? Je ne sais pas. Lorsque nous publions, nous cherchons à être aussi factuels et précis que possible. Les mots sont politiques, tout comme le choix des sujets. C’est pourquoi nous nous efforçons de maintenir une ligne éditoriale cohérente tout en abordant un large éventail de thématiques qui s’y inscrivent. Notre force ici est celle d’avoir une équipe variée, qui se compose de personnes provenant de tous les horizons et représentant une grande diversité politique. C’est essentiel pour notre travail puisque cela permet une autocritique et de bénéficier d’un contrepoids interne essentiel au partage d’une information traitée conformément à la ligne éditoriale que nous nous sommes fixés.
Et un média peut-il être encore aujourd’hui apartisan ?
Tout est une question de volonté et de rigueur. Ce que j’apprécie c’est que nous nous faisons taper dessus par tous les militants, qu’ils soient de gauche, de droite, du centre, quand nous partageons une information susceptible de contredire leurs représentants. J’apprécie car cela veut dire que nous faisons du bon travail. Mais cela présuppose d’avoir une équipe très diversifiée.
Interview réalisée par Bastien Fauvel, fondateur et président de Phusis Revue, et Lucas Leruste, président d’Anapol Média.