Les festivals sont nombreux partout en France, et pourtant le vôtre, Oblique Festival, a la particularité de faire émerger la parole des jeunesses par l’art. Est-ce que tu peux m’en dire plus sur ce projet et sur ce qui a inspiré l’idée qui est à la base d’Oblique Festival ?
A l’origine, c’est un projet qui est né d’une rencontre avec Emmanuel Demarcy-Mota, le directeur du Théâtre de la Ville de Paris. Eve, qui est l’actuelle co-présidente de l’association, et d’autres amis, l’ont rencontré au détour d’une représentation suivie d’un temps d’échange organisé par l’école d’Affaires Publiques de Sciences Po. Au cours de leur discussion, ils ont convenu qu’il y avait dans le monde festivalier un espace à prendre : celui d’un festival d’arts vivants fait par des jeunes, pour des jeunes artistes et à destination d’un public multigénérationnel.
Ainsi, en quoi consiste Oblique Festival ? Quand et comment se déroule-t-il ?
L’objectif principal est de favoriser l’émergence de jeunes artistes en leur donnant un espace d’expression. C’est-à- dire, faire rencontrer un public avec des artistes : un public que l’on veut le plus divers possible (en termes d’origine sociale, de connaissance de l’art, etc) et des artistes jeunes, émergents, qui font tout type d’arts de scènes et que l’on accompagne dans leurs parcours artistiques. Oblique Festival se voit ainsi comme un médiateur entre un public qu’il convie et des artistes qu’il soutient. On l’a fait pour la première édition au Théâtre de la Ville de Paris et pour la deuxième édition, à l’Académie du climat autour de la problématique écologique « Qu’est-ce que l’on garde ? ». La troisième édition, nous la ferons encore à l’Académie du climat. Elle sera placée sous le thème « Refuges ». Enfin, nous avons un axe arts et sciences. Notre idée est de réunir et de faire dialoguer ces jeunes artistes avec le monde de la recherche, notamment sur des thèmes qui touchent en particulier les jeunes comme l’écologie. C’est aussi le sens de notre collaboration avec les équipes de l’Académie du climat, un lieu qui réunit tous les acteurs de l’écologie, avec des parcours très variés au croisement de toutes les disciplines.
Comment Oblique Festival a-t-il un impact à travers sa manière d’agir pour la justice sociale et climatique par le biais de l’art?
On est une équipe de jeunes, d’étudiants, qui sont tous très sensibilisés à ces questions, qui ont vraiment à cœur d’agir pour prendre notre part dans la transition écologique à venir. Et donc je pense que c’est ce festival qui nous permet justement de concrétiser ça, de prendre notre part, à travers la création d’un festival pour les jeunes où l’on programme des artistes qui ont des choses à dire sur ces enjeux là mais avec l’angle particulier des arts vivants. Ainsi, au lieu de parler avec un discours purement scientifique, nous, nous choisissons plutôt la porte de l’art en traitant l’écologie par l’intime. Notre angle d’approche est donc celui de l’art et de l’intime, mais sans se couper de discours qui vont être beaucoup plus scientifiques.
On essaie de créer des ponts avec le monde de la recherche et des gens qui s’engagent sur ces questions-là. On programme des jeunes qui sont très sensibilisés et qui ont des choses à dire sur leur rapport à l’écologie, et aux enjeux écologiques. Enfin, on souhaite faire un festival qui impacte le moins possible l’environnement. Cela est facilité par le fait que nous soyons implantés à l’Académie du Climat où un travail en amont a été fait par les équipes pour faire en sorte qu’il y ait l’impact écologique le plus faible possible. Notre responsabilité à nous, elle se situe donc plutôt sur les défraiements aux artistes. Le déjeuner servi aux artistes doit être bio, avec une option végé, le trajet des artistes qui habitent en région se fait en train. De deux et de manière beaucoup plus abstraite, il y a l’enjeu de sensibiliser par l’art. À ce jeu, l’art est puissant justement parce qu’il parle le langage de l’intime. Évidemment, notre public vient s’émouvoir, partager un bon moment entre copains, faire des découvertes, tout n’est pas suspendu à l’objectif de sensibiliser. Mais c’est une dimension qui sous-tend les performances, peut-être parfois sans que l’on en ait conscience.
Quels sont vos objectifs ou vos projets à court ou à long termes ?
Un premier enjeu est celui des rencontres. Nous souhaiterions qu’Oblique s’insère encore davantage dans un réseau de personnes qui travaillent sur les questions de transition écologique et sur la manière de construire un monde plus désirable. Il y a ainsi une volonté de tisser des liens encore plus forts avec des militants, des artistes, des journalistes, des personnes du monde de la recherche etc. Au-delà de la rencontre, on aimerait diversifier nos lieux d’implantation en conservant nos partenaires actuels, mais en envisageant de faire d’autres événements, dans d’autres institutions, à Paris, en région et, à long-terme, à l’international. Ensuite, la troisième ambition est de renforcer l’accompagnement des artistes en en se plaçant plus dans les bottes d’agents artistiques. D’une programmation pour une édition, arriver à un point où l’on est véritablement moteur à toutes les étapes de leur carrière : la communication de leur travail sur les réseaux sociaux, la recherche de missions rémunérées, les liens avec la presse et même, faisons simple, un ami à l’écoute à qui exprimer ses doutes.
Interview réalisée par Phileas. (phileas765)