Angelo Rinaldi, sans demi-mesure : un recueil aux éditions des Instants
Les éditions des Instants publient Les roses et les épines, qui rassemble un florilège réjouissant de critiques acerbes et sans concession d’Angelo Rinaldi.
Une occasion de redécouvrir l’un des derniers grands maîtres de la critique littéraire en France, cet écrivain et journaliste qui n’a jamais craint de s’attaquer à l’establishment littéraire.
Dans un milieu souvent trop prompt à la complaisance, Rinaldi s’est toujours fait un point d’honneur à bousculer les idoles et à trancher dans le vif, sans jamais laisser de place à la tiédeur.
Son style mordant et son esprit caustique ont fait de lui une figure redoutée mais respectée, tant dans la presse que parmi ses pairs. Critique implacable, il a marqué de son empreinte L’Express et Le Figaro Littéraire, où ses jugements ont parfois déchaîné les passions.
Pour Rinaldi, un roman ne se contente pas d’être acceptable ; il est soit admirable, soit insignifiant !
Et il n’a jamais hésité à attaquer les gloires établies, jusqu’à la bien-pensance littéraire et les modes éditoriales qu’il dénonçait avec une verve joyeusement iconoclaste.
Un franc-tireur dans le paysage littéraire
Né en 1940 en Corse, Angelo Rinaldi a d’abord fait ses armes en tant que romancier avant de se faire un nom en tant que critique. Sa plume incisive lui a permis d’exercer une véritable influence, et son élection à l’Académie française en 2001 n’a fait que consolider son statut. Homme de convictions, il a toujours défendu une littérature sans compromis, qu’il n’aime passionnément tout en n’hésitant pas à la malmener quand il la jugeait décevante. Bien qu’il ait fait de nombreux ennemis, il a toujours considéré que sa critique n’a jamais été ad hominem estimant qu’il s’agissait toujours de défendre l’excellence littéraire face à la médiocrité.
Les pages de Les roses et les épines sont traversées par une alternance saisissante de jugements admiratifs et de démolitions sans appel.
Rinaldi aime « Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et surtout pas du tout ».
Une critique ne peut être mièvre. Un auteur est soit un génie, soit un imposteur. C’est ainsi qu’il distribue ses jugements, qu’il admire ou démolit, selon l’intensité de son impression. Et il le fait sans complexe, sans concessions, avec une volonté manifeste de déranger.
Ainsi, il n’épargne ni les grandes maisons d’édition ni les auteurs consacrés, dont il ne cesse de remettre en question la pertinence. Derrière ses attaques, il y a une passion sans limite pour la littérature, un amour absolu de l’écriture qui se traduit par une exigence implacable. Ses offensives cinglantes rappellent que la critique littéraire n’est pas un terrain de confort, mais un champ de bataille.
Des piques cinglantes, un humour caustique
Angelo Rinaldi n’a jamais fait dans la demi-mesure. Il a toujours refusé les euphémismes et les conventions.
Pour lui, la critique littéraire n’était pas un simple jugement esthétique mais un combat dans lequel il ne craignait pas de fracasser les idoles. Il a souvent été comparé à un « père fouettard » de la critique, mais ses démolitions, loin d’être gratuites, étaient, selon lui, le fruit d’une réflexion profonde sur la littérature.
Rinaldi, avec son humour acerbe et sa verve jubilatoire, s’attaque sans vergogne à des auteurs comme Paul Gadenne, qu’il qualifie de « surestimé post-mortem », ou Sartre, qu’il juge d’un manque de modestie flagrant. Mais sa critique prend parfois des airs de jouissance sadique, comme lorsqu’il raille Camus et l’absurde : « Le sentiment de l’absurde atteint son comble quand on doit encore parler de Camus » ou de Proust : « La postérité, pour Proust, continue de ressembler à ses propres journées : elles ne commençaient que l’après-midi, et cependant avec un retard que, durant toute sa vie, il ne parvint jamais à rattraper. »
Et que dire de sa virulence envers des figures comme Duras, qu’il traite de « Castafiore » ! (Oui, il a osé).
Ou Sollers, dont il dénonce l’hypertextualité et la distance expérimentale ?
Cependant, Rinaldi peut aimer aussi à la folie et dresser son Panthéon littéraire avec Borges « le plus grand écrivain de la langue espagnole », Gracq ou Yves Bonnefoy, qu’il admire sincèrement.
Si ses critiques sont parfois cruelles, elles ne sont jamais gratuites : elles sont animées par une volonté de défendre la littérature dans ce qu’elle a de plus exigeant et de plus noble.
Rinaldi l’intransigeant ?
Angelo Rinaldi a un regard sans concession mais passionné. Sa critique, autant acérée qu’admirative, reste une référence. Que l’on aime ou que l’on déteste ses jugements, une chose est certaine : il ne laisse personne indifférent.
Rinaldi n’a jamais cherché à ménager les egos, ni à flatter les éditeurs ou les auteurs établis. Il n’a pas hésité à démolir ce qu’il considérait comme des impostures littéraires avec ses jugements tranchés. Loin d’être un critique « doux » ou « nuancé », il s’affiche comme un justicier des lettres, un homme qui se fait un devoir de secouer les idoles littéraires et de pointer les failles, les erreurs ou les faiblesses d’une littérature qui, selon lui, tend à s’enfermer dans des schémas convenus.
Ce mélange de brutalité et d’humour est une des marques de fabrique de Rinaldi, et Les roses et les épines en regorge.
Angelo Rinaldi, Les roses et les épines, Éditions des instants, 272 pages, 21 euros.
Parution le 11 mars 2025.
Éditions des instants
26 rue Vauquelin, 75005 Paris
Tel : 06.86.83.51.23.
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© SOPHIE CARMONA
Mars 2025